Avis aux amateurs de power pop, voici sans conteste le petit plaisir coupable du moment.


Intrigant personnage que Ben Cook, musicien issu de la scène punk hardcore canadienne. Signé sur le très respectable label indé Slumberland Records, Young Guv est en effet le projet parallèle de ce guitariste officiant au sein des très remontés Fucked Up. On pourrait s’arrêter là en guise de caution artistique, si ce n’est que le Torontois se distingue aussi sur son CV pour ses flirts récurrents avec le mainstream : en mettant ses talents de songwriter au service de divas pop stars pour ado telles que Kathy Perry, Kelly Clarkson ou encore les champions de la ballade insipide Maroon 5. Pensez bien qu’il n’est pas dans nos habitudes de remonter ce genre de noms dans nos colonnes, mais nous avons écouté Ripe 4 Luv avant de s’attarder sur la biographie de Young Guv. Et bien que ce que nous avons découvert soit embarrassant, il faut faire preuve d’objectivité : tout amateur de power pop digne de ce nom se doit de prêter une oreille à ce formidable disque. Ben Cook possède indéniablement une sorte de 6eme sens pour ciseler avec sa guitare des mélodies instantanées, qui ont surtout le bon goût de s’inscrire dans un classicisme pop dans la lignée des prestigieux aînés The Posies, Fountains of Wayne et Nada Surf. On vous aura prévenu, toute résistance sera veine dès lors que vous aurez posé une écoute sur les indéboulonnables « Ripe 4 Love” et « Crawling back to You ». Nul présence ici de popsongs calibrées FM ou de surenchère de décibels punk, au contraire, Ripe 4 Luv s’avère un mini album où Ben Cook peut enfin donner libre cours à sa passion immodérée pour les harmonies vocales rayonnantes et les arpèges à la Byrds (« Kelly I’m Not a Creep », et « Livin’ the dream »…). Petite leçon de songwriting sur enregistreur huit-pistes, « Crushing Sensation » nous cueille avec une boite à rythme on ne peut plus rudimentaire, avant de déployer des trésors d’ingéniosité. « Wrong Crowd » laisse même entrevoir pour l’avenir une sensibilité soul, avec son groove clairement emprunté au Songs in the Key of Life de Stevie le magnifique. Alors, même si ce premier opus est parfois un peu trop sucré, on en reprend volontiers une part par excès de gourmandise. Sans conteste le petit plaisir coupable du mois.