Que l’on y soit habitué ou pas, l’écoute de Kneel Before Religious Icons provoque cette forte conviction qu’il va falloir en parler un jour de cet album, du moins y mettre quelques mots. Or ce n’est pas tant le décrire qui importerait, comme l’évoquer selon les lois du genre (de la musique industrielle minimaliste) ou mentionner le fait que Vatican Shadow constitue l’un des multiples projets de Dominick Fernow (le musicien derrière Prurient ou encore River Shadow). Il ne s’agit pas non plus de schématiser et de conclure sur une parenthèse épisodique et distractive, dans une carrière bien entamée d’expérimentaliste ; un espace, en somme, qui serait une sorte de compromis cadencé, dans un univers de pagaille et de confusion. Essayer de rendre palpable l’expressivité qui émane de l’album, ou du moins s’approcher de ce qui met en mouvement son auditeur, c’est de s’insérer dans la vivacité de Vatican Shadow de la même manière que les autres projets de Fernow. Dans Kneel Before Religious Icons, la répulsion et l’exclusion, même si elles revêtent une forme attractive, se maintiennent bel et bien suivant un rythme qui, au lieu de bercer et d’engourdir, attire vers quelque chose d’impur. La colère et l’intelligence se contiennent dans une intensité latente, vers laquelle on se trouve dirigé et qui ne semble pas aller à l’encontre des titres, mélange de religiosité et de militantisme. Vatican Shadow se ressource et trouve son humeur dans la violence quotidienne, faite de fragments de l’histoire et des éclaboussures du monde qu’il remet au goût du jour, au bonheur et au plaisir coupables des oreilles.

La page de Vatican Shadow sur Hospital Productions (label du Dominick Fernow)

A écouter : “Church of All Images”