Sur son dixième opus sobrement intitulé, le trio persévérant de Washington D.C. se réinvente en sauveur du krautrock, de la musique électro allemande ainsi que du speed metal.


Quatre années après un Thing de haute volée, le trio américain revient avec un Volume X semblant taillé pour le vinyle et ayant pour thème principal et éternel la musique Allemande, de Can à nos jours.

Dit comme ça, le programme paraît rébarbatif car quelque peu scolaire. Néanmoins, à l’écoute, il en est tout autrement. Tout simplement parce que Volume X se présente comme une sorte de monstre bicéphale avec d’un côté une musique robotique, martiale, expérimentale, un pied dans l’ère glaciaire, et de l’autre, la même chose mais avec les ongles des doigts de pied coincés dans le réchauffement climatique.
Ce qui signifie que sur la première face de Volume X, vous vous retrouvez face à une sorte de Stoner/Doom révisé par Can ( « Anthropocene »), un funk façon Chic interprété par Brian Eno se moquant ouvertement de Peter Frampton (« Reevaluations »), mais aussi un Kraftwerk autobhanien façon Can (« Night Shift ») ou à la sauce Liars (le dérangé « K Street »), et enfin du speed metal chirurgical suivant les codes du genre à la lettre avec une rythmique bourrine et solo de guitare vénère-sa-reum. Le tout réalisé en mode Picard, exécuté sans véritable sentiment.

C’est impressionnant de maîtrise mais si vous êtes un tant soit peu allergique au froid, il vous faudra attendre le sixième morceau pour constater qu’au fur et à mesure de l’avancement de Volume X un réchauffement se fait de plus en plus prégnant. Dés les premières mesures du très Steve Reichien « Ice Fortress », sous la glace, la chaleur pointe. Pas non plus la canicule mais Volume X devient plus organique, peut-être plus instinctif. C’est peu ou prou le même programme que sur les cinq premiers morceaux sauf que la machine semble peu à peu se dérégler, laissant place à l’improvisation mais aussi aux émotions (le mélancolique, eighties et très Chromatics « I’ll never », l’inquiétant et lourd « Megastorm ») jusqu’à parvenir à une sorte d’apaisement sur un « Insufficiently Breathless » presque serein voire radieux (si on omet les synthés quelque peu flippants).

Sans livrer un très grand album, car sans véritables morceaux marquants ( à l’exception d' »I’ll never »), Trans Am impressionne par sa capacité à apporter une touche d’humanité dans une musique aux atours monstrueux, la rendant, par la même occasion, accessible aux néophytes qui voudront bien y prêter une oreille attentive.