Second et ultime acte studio de l’année pour les hérauts du garage psychédélique de San Francisco, ou troisième offrande si l’on compte la double compilation de singles sortie voilà quelques mois.


La galette était très attendue des aficionados après un Castlemania paru en début d’été, plus folk, sage et harmonieux, et dans l’ensemble assez intéressant car exploitant de nouvelles trouvailles cosmiques. Mais on savait bien que le vieux démon électrique reprendrait vite le dessus… D’expérience, le combo emmené par la diablotin tatoué John Dwyer alterne entre bizarreries cosmiques et pures déflagrations garage rock. Carrion Crawler / The Dream est donc un retour à ce qui a fait leur réputation, à savoir un garage rock fiévreux, acide et bruyant à souhait.

Certains brûlots comme « The Dream » ont déjà été rodés sur scène, notamment à Paris, par l’ex quatuor qui a mué en quintet depuis le début de l’été. Désormais augmenté d’un deuxième batteur, la puissance scénique du groupe s’en est vue décuplée, alors qu’on parlait déjà comme l’une des meilleures attractions rock n’roll en activité.

Certainement que l’adjonction d’un nouveau marteleur a orienté le tempo « enlevé » de Carryon Crawler/ The Dreamer qui, de ce fait, comblera parfaitement les désidératas des fans envers le combo culte : une rafale de riffs assénés sans temps mort, joués pied au plancher, offrant à peine quelques répits instrumentaux de rockabily toujours très fun. « Contraception/soul Desert », crache un venin kraut psychobilly porteur d’une fièvre moite et infernale : une basse fuzzy énorme et les harmonies vocales couplées de John Dwyer avec sa fidèle Birgid Dawson (mais plus de cœur, comme quoi, certaines séparations de couples rock ne tuent pas forcément la flamme du groupe…). Autre épatante démonstration de force, « Crack in your Eye » répand une surdose de toxicité rock’n’roll comme pouvait en être capable le John Spencer Blues Explosion au milieu des années 90.

La production, de mieux en mieux mieux ficelée, parvient même l’exploit de se rapprocher de la légendaire sauvagerie scénique du combo californien, acmé pourtant si dure à retranscrire en studio pour ce genre de furieux indomptés. Thee Oh Sees sont assurément encore cultes, mais plus pour très longtemps. Les cercles avertis savent déjà qu’ils sont actuellement les ennemis publics numéros 1, le meilleur antidote à la grisaille rock ambiante depuis les Cramps et le JSBE. Chaudement recommandé pour distribuer les marrons de fin d’année.

– Page Myspace

Extrait « contraception / Soul Desert » :