Première collaboration sur long format entre le guitariste virtuose brooklynois et le trio folk appalachien originaire de l’Etat de Virginie.


Première collaboration sur long format entre le guitariste virtuose brooklynois et le trio folk appalachien originaire de l’Etat de Virginie. A rebours de son superbe Way Out Weather paru l’an passé, Steve Gunn renoue cette fois avec sa facette moins « grand public ». Avec déjà à son actif neuf albums, dont la majorité s’aventurent dans des territoires folk pétris de drone, le très en vue guitariste est du fait coutumier de ce genre de collaboration sauvage. Quant à The Black Twig Pickers, le trio instrumental emmené par le joueur de banjo Mike Ganglof, s’est aussi régulièrement distingué dans ce registre, notamment avec le défunt guitariste Jack Rose – tout comme ce dernier, Mike Gangloff était l’un des piliers du trio expérimental Pelt. Fidèle à l’esprit des Black Twig Pickers, l’album a été enregistré dans des conditions live. En s’écartant ainsi délibérément du caractère « chiadé » de ces deux précédents opus, Steve Gunn s’offre une incartade acoustique dans le folk traditionnel respirant la spontanéité, avec grand renfort de banjo, harmonica et violon. Le jeu distinctif du guitariste s’épanouit aisément à l’ensemble en y insufflant une dimension raga et american primitive qui devrait ravir les oreilles profanes. Pourtant, contrairement à ce que pourrait laisser entendre une première mise en matière, Seasonal Hire n’est pas totalement instrumental : sur les quatre compositions originales et un traditionnel, trois sont chantées successivement par Sally Morgan, Mike Ganglof et Steve Gunn. Il faut concéder que la première moitié du disque s’avère pourtant un peu anecdotique, car gentiment ancrée dans des racines folkloriques convenues. Heureusement, les deux derniers morceaux, plus mystérieux, donnent pleine satisfaction de cette réunion. « Trailways Ramble » d’abord, errance mystique dans la veine d’un Sixteen Horsepower signée et hanté par la voix chamane de Steve Gunn. Et enfin le plat de résistance qui donne son nom à l’album : une jam instrumentale de seize minutes intense et hypnotiques allant crescendo, qui ne sauraient mieux accompagner la danse du diable exécutée par le terrifiant juge Holden lors du dernier acte du Méridien de Sang de Cormac McCarthy. Cette folie-là est palpable.