Ancien batteur/vocaliste de Bon Iver (voilà pour la petite accroche), Sean Carey a sorti en 2010 son premier album en solitaire, All We Grow, intrigante fuite en avant où folk austère communiait avec collages sonores abstraits.


Ancien batteur/vocaliste de Bon Iver (voilà pour la petite accroche), Sean Carey a sorti en 2010 son premier album en solitaire, All We Grow, intrigante fuite en avant où folk austère communiait avec collages sonores abstraits. Une prise de risque inhabituelle dans ce genre de registre boisé, où les errances instrumentales de S. Carey flirtaient jusqu’au jazz, rattrapé in extremis par son chant susurré et harmonieux. All we Grow était le témoignage touchant d’un musicien en train de creuser son identité, tout en ayant déjà savamment ingurgité dans son background musical les odyssées minimalistes d’un Steve Reich, Philippe Glass ou encore les silences bouleversant d’un Mark Hollis – à l’égard de ce dernier, S. Carey participe d’ailleurs au très ambitieux double album hommage, Spirit of Talk Talk à paraitre à la rentrée chez Fierce Panda. Pour sa deuxième parution sur le label Jagjaguwar, le musicien du Wisconsin a trouvé un équilibre pertinent entre vagabondages sonores et écriture éthérée. Débarrassé de ses oripeaux folks, les quatre nouvelles compositions de ce Hoyas EP basculent vers un monde nocturne, à la fois atmosphérique et grouillant de détails (le quasi ambient « Avalanche »). Il y a une maîtrise confondante de l’espace sur le vibrant « Two Angles », ponctué de halos de guitare expressionnistes propres à tutoyer le Alas d’Idaho. On peut regretter l’usage du vocodeur sur les chÅ“urs de « Marfa », mais ce vernis (qui n’est qu’affaire de goût) n’entache cependant pas la beauté des paysages. Sean Carey a agrandi son angle de champ panoramique. Vite, la suite!