Les excentriques de Portugal. The Man sont de retour et nous proposent une palette toujours aussi large de sons et de styles, la maitrise en plus.


Pour leur 7ème livraison en 8 ans d’existence, les Portugal. The Man ont décidé de s’associer à Danger Mouse, DJ devenu célèbre en réalisant The Grey Album, mashup du White Album des Beatles et du Black album de Jay-Z (à l’image des fameux albums de DJ BC, mix entre les Beasties Boys et les quatre d’Abbey Road), tant pour son art de mixer deux styles opposés que pour les ennuis juridiques qui s’ensuivirent. A noter également ses collaborations avec les Black Keys, Norah Jones ou – plus proche des PTM dans le style – avec Gorillaz.

Bref, Brian Burton (de son vrai nom) est un expert pour écouter, démêler, et associer des sons qui à priori ne sont pas faits pour s’entendre et cela tombe plutôt bien, tant la bande de John Gourley semble créative, hyperactive, avec une irrésistible envie de partir dans tous les sens. Evil Friends est un grand foutoir qu’un technicien surdoué à méticuleusement organisé tout en lui préservant l’essentiel: une âme Indé – Pop – US, une logique d’album (peut on parler de concept album lorsque l’on parle de Pop?), voire une logique à l’intérieur des morceaux eux-mêmes.

Épatant, entrainant, et pour tout dire jouissif, le premier titre résume parfaitement cette créativité décomplexée, ce côté fourre-tout qui parait pourtant naturel tant les transitions coulent de source. Après son intro Psyché- 70s en deux temps façon MGMT (dont des échos apparaissent ça et là sur l’album), « Plastic Soldiers » accélère le tempo et l’agrémente de divers ingrédients (piano, chÅ“urs, échos…) avant de revenir dans un univers proche de l’introduction. mélancolique et entrainant, ce titre exprime la torpeur dans laquelle nous sommes plongés, (« I’d hate to seem so shallow, I’d like to get deeper in (…) like plastic soldiers, only growing older »), sorte de béatitude devant le temps qui passe.

Les titres défilent, et c’est presque autant de tubes que l’on découvre: la lumineuse « Creep in a Tee-Shirt », piano, trompette (synthétique) et refrain entêtant à base de chÅ“urs auxquels l’auditeur se mêle dès la première écoute, tout comme « Evil Friends » et « Hip Hop Kids » l’énergie et les guitares Pub-Rock en plus. Et si la seconde partie de l’album prend un léger virage plus pop, l’intérêt ne faiblit pas, tant les titres sont accrocheurs, faciles à découvrir sans lasser à la longue (« Atomic Man », « Holy Rollers (Halleluja) », « Purple Yellow Red and Blue ») et ponctués de plages plus douces (« Smile »),voire à consonances religieuses (« Sea of Air », Waves »).

In The Mountain In The Cloud (2012) avait déjà élevé le niveau, et si pour la première fois les « PTM » ont prit plus d’une année pour réaliser leur nouvelle galette, ils devraient gagner de nombreux fans: éclectique et cohérent, Evil Friends n’est peut être pas de la trempe de Dark Side Of The Moon (l’objectif avoué… ils ont de l’ambition!) mais tombe à point nommé en cette période estivale avec ses mélodies entrainantes et cette fraicheur toute particulière. L’album de la maturité? Peut-être pas, mais s’ils parviennent dans le futur à l’égaler, beaucoup s’en contenteront certainement.

Portugal. The Man – Evil Friends