Un an à peine après un excellent premier opus, les canadiens juvéniles et énervés de Constellation Records lui offrent une suite à la hauteur de leur talent.


Nous l’écrivions ici même dans ces colonnes il y a un peu plus d’un an, les Canadiens de Ought faisaient figure d’exception sur le label montréalais Constellation. En sortant un excellent premier album, More Than Any Other Day, ce quatuor y apportait fraîcheur, acnée et Indie Rock savante à un label un peu engoncé dans son Adult Rock et autre Post-Rock. Ces jours-ci, arrive le moment tant craint du second album, test excessivement difficile à réussir quand on a sorti, comme eux, un très bon premier jet.

Alors, qu’en est-il ? Confirmation ? Gamelle ? Ennui ? On passe à autre chose ? Déjà, sans l’avoir écouté, on ne pourra pas dire que Ought n’a pas de suite dans les idées : le groupe paraît sortir régulièrement ses disques comme les chapitres d’un livre qu’il semble écrire au fur et à mesure. Après More Than Any Other Day et Sun Is Coming Down, on serait tenté de leur suggérer pour le prochain l’intitulé And We All Gonna Die . Après écoute, et si on met de côté quelques réserves, c’est de nouveau une réussite. On retrouve dans ce second long format ce qui faisait le charme de son prédécesseur… à savoir un songwriting enlevé, accrocheur, une urgence intacte ainsi qu’une tension présente du début à la fin.
Ça fourmille d’idées, ralenti ou accélère au moment où on s’y attend le moins et ce, tout en restant cohérent ; L’ensemble reste bourré de références mais ce qui diffère entre les deux albums c’est que les Canadiens affirment une écriture véritablement singulière, trempant leurs guitares dans un post-punk/Art Punk parfaitement identifiable, celui du Marquee Moon de Television. Les autres références, déjà en exergue sur More Than… sont toujours présentes mais paraissent totalement digérées, complètement assimilées.

Il en résulte un album où Ought fait maintenant du Ought, s’impose au travers du charisme de Tim Beeler, chanteur guitariste et leader du groupe. Les compositions ont gagné en assurance, incisives, crades et cristallines, souples et intransigeantes. Parfois, et c’est là qu’on peut émettre des réserves, être toujours sur le fil peut se révéler épuisant (« Celebration ») mais avouons-le, quand la formule fonctionne (sur la plupart des morceaux donc), c’est souvent passionnant et par moment excellent (notamment sur le très grand « Beautiful Blue Sky » et le tendu et Sonic Youthien « Never Better »). En clair, Ought réussit parfaitement à passer le cap du second album en affirmant une personnalité unique et en nous offrant un Sun Is Coming Down maîtrisé de bout en bout. Que demander de plus alors ? Peut-être le grand disque auquel nous sommes en droit d’attendre et qui viendra, sans en douter, pour leur troisième album, à savoir l’an prochain.