Trois ans après un premier album solo ouvrant de nouvelles perspectives sonores, Un Soleil Dans La Pluie, ce second opus du Grenoblois ne semble pourtant pas prêt d’« arrondir les angles des tourments » comme il le crie si bien.


Olivier Depardon appartient à la même famille que Michel Cloup (ex Diabologum) et Pascal Bouaziz (Mendelson). Tout comme ces deux piliers souterrains du rock hexagonale, l’ex force motrice du groupe Virago et Zygoma manie le français avec le langage des guitares issues de la scène alternative US – dans la ligne de mire, le label Touch & Go et les productions 90’s de Steve Albini via Bedhead, The Jesus Lizard. La rudesse des guitares électriques est en effet là pour servir une poésie parlée ancrée dans l’intime et le désespoir de la vie ordinaire. Trois ans après Un Soleil Dans La Pluie, premier album solo ouvrant de nouvelles perspectives sonores, ce second opus du Grenoblois ne semble pourtant pas prêt d’« arrondir les angles des tourments » comme il le crie si bien, ni d’ailleurs d’atténuer le grain de saturation qui nourrit réciproquement la colère de ses textes. Si l’urgence binaire de « Sans un Bruit » et « A jamais fait » renvoient à l’intensité de Virago, il y aussi dans Les saisons du silence une rage contenue qui n’explose pas systématiquement, mais préfère développer des atmosphères étouffantes voire venimeuses (la bombe à retardement « Laisse Agir »). Parmi ces malaises minutieusement orchestrés, l’ambitieux « Un inventaire », qui ouvre l’album avec son riff obsédant, cédant progressivement la place aux violons. Sur l’éthéré « Impression Soleil Dedans », où des cordes arabisantes s’invitent, la prose parlée de Depardon use d’accroches imagées façon le grand Bashung, pour dénoncer les dérives du monde (le refrain joliment tourné « je sens que j’ai raison quand le sang n’a qu’un son »). Mais c’est en allant à l’essentiel avec « Les synapses ovales », que le trio – soutenu par Dan Bartoletti (guitare) et Pierre Thouzery (batterie) – excelle dans l’art de faire front, et déclenche quelques magistrales charges noisy rock. Et lorsque le refrain répète inlassablement « cette impression de déjà vu », on se dit pourtant qu’ils sont très peu dans nos contrées à donner au rock une telle crédibilité. Voilà pourquoi il serait scandaleux de taire Les saisons du silence.


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