The Go ! Team mélange tout : acid rock, pop, soul de Detroit, hip hop… un véritable diable de Tasmanie qui chope n’importe quoi à la volée et fructifie la donne. Miraculeux.


Voilà une équipe qui marque des points. Un an après leur premier maxi “Junior Kickstart”, The Go ! Team vient de terminer une tournée triomphale aux côtés du club très sélect des « je suis célèbre et je ne connais pas les mauvaises chroniques de disque » : Franz Ferdinand, The Hives, Fiery Furnaces et Explosions in the Sky. Forcément, pour mettre son nom à côté d’une affiche pareil, il vaut mieux être crédible.

A l’écoute, de Thunder, Lightning and Strike, premier opus de ce sextet partagé entre Brighton (les mecs)et Londres (les filles), on se dit qu’il faut avoir un sacré bide pour ingurgiter cette solide paella. En effet, on n’avait pas entendu un tel empilement de samples éclectiques depuis The Avalanches. Les nouveaux protégés du label Memphis Industries (Blue States) font même mieux, car ils parviennent à dépasser le côté performance de leurs illustres collègues grâce à une sensibilité pop plus affirmée.

Tout comme Death in Vegas et Primal Scream, The Go! Team privilégie les samples dont la date de péremption est dépassée d’un bon quart de siècle. Dans ce carrefour d’influence, on y croise de la soul de Detroit, des guitares acid rock, de la BO western et plein d’autres choses érudites et de bon goût. The Go ! Team utilise également de vrais instruments : guitare, basse, une vraie chanteuse (Ninja) mais aussi une batterie pétaradante (sur scène, deux batteries sont dominées par des filles, « LE » fantasme ultime). Dans ce mélange sample/instrument, on ne sait d’ailleurs plus ce qui est vrai ou faux, mais c’est aussi une preuve indéniable que la fusion opère avec succès. Donc à première vue, The Go ! Team mélange des saveurs qui peuvent paraître incongrues, mais les customisent avec tellement de bon goût que cela en devient euphorique.

Si la majorité des titres sont instrumentaux, quelques voix sont utilisées (tantôt chantées, tantôt échantillonnées ou rappées), mais la vedette ici, c’est l’harmonica. Oui, l’harmonica, l’objet que l’on pensait seulement crédible chez les folksingers, objet rétro ultime dans ce circuit hi-tec, devient chez The Go ! Team une ex-croissance vocale. Exemple, dès le premier titre, “Panter Dash” on perd vite l’équilibre : un harmonica très proche du “Hand in Glove” des Smiths semble se tailler une ouverture en plein milieu d’une bataille de samples où trompettes, guitares vintage et esprit nothern soul sont emportés par une section rythmique hip hop fracassante.

A vrai dire, ce n’est pas une bataille ç laquelle on assiste, mais plutôt une orgie, car les sons empruntés ici sont en général chaleureux, festifs, jubilatoires. Un esprit qui tranche par rapport à cet océan de noirceur rock auquel nous sommes confrontrés la plupart du temps (même DJ Shadow et RJD2 ne font pas une musique réputée « légère »). En ce sens, “Get it Together”, fait la nique sévère à RJD2, insufflant derrière tout ce tintamarre (pêle-mêle choeur d’enfants, coup de sifflet), une production massive. “Lady Flash” démarre comme du Death in Vegas (haaaa ce sitar… ) et dérive vers de la magie soul sixties, des scratch old school et des synthés dignes de Cindy Lauper, enfin une flûte à bec tente de s’y faire une place dans cette boite à sardine ( !!!). C’est le bordel, on y comprend rien, mais ça fonctionne du feu de dieu. Ce collectif irrévérencieux possède même un tube potentiel, “Huddle formation”, peut-être le morceau le plus irrésistible entendu depuis « Crazy in Love »…

A vrai dire, The Go ! Team sonne tellement cool, qu’on croise les doigts pour qu’un maudit publiciste n’ait l’idée de s’en emparer à des fins mercantiles. Ouai. On en a marre d’entendre les standards de Bowie, les Kinks, Beach Boys ou The Jesus & Mary Chain dans des pub pour couche-culotte ou assurances. Alors par pitié messieurs les publicistes, laissez The Go ! Team nous faire rêver encore un peu.

-Le site officiel de The Go! Team