Second opus solo pour le troubadour norvégien, qui a décidé de poser sa guitare sur une île exotique. Et de faire monter la température avec bonheur.


Erlend Øye donne l’impression d’être toujours en voyage, de passage. Heureusement, tel un oncle lointain, le troubadour norvégien revient de temps en temps nous voir, les valises remplis de cadeaux.

Aussi loin qu’on se souvienne, cette passion pour les destinations nouvelles ne datent pas d’hier : sur son premier opus en solo, Unrest (2003), chaque chanson avait été enregistrée dans une ville différente. Dès ses débuts remarqués au sein du duo Kings of Convenience, auteurs de trois albums de folkpop à la douce et mélancolique quiétude, le folksinger de Bergen ne tient pas en place et prête sa voix sur le carton electro de l’année 2001, l’album Melody AM de ses compatriotes *Röyksopp. De fait, nous ne sommes pas surpris lorsqu’il prend plus tard la tangente avec ses boiseries automnales en formant à Berlin le quatuor synth-pop The Whitest Boy Alive (récemment séparé). L’année dernière, après avoir acheté une maison à Syracuse, il publie sur son label Bubble Records le single « La Prima Estate » chanté en italien. Un album entièrement dans la langue de Sergio Leone serait même dans les cartons…

Pour son retour en solitaire après une parenthèse de onze ans, Erlend Øye nous rapporte un collier de fleurs avec ce Legao paré de couleurs exotiques et rempli d’ondes positives. Toujours est-il qu’en dépit de ses changements, sa voix de folker timide reste là, indémodable. Enregistrées en Islande à Reykjavik avec un groupe local de reggae, Hjálmar, ces dix compositions résument parfaitement les conditions d’enregistrements du disque d’où résulte cette ambiance particulière entre crème solaire et spleen polaire, un mélange élégant mais jamais tiède, remarquablement produit.

Voilà un disque sans une once de prétention, qui nous rend fait nous sentir léger. Et c’est plutôt agréable ces temps-ci. A l’appel de quelques titres rayonnants et quasi-dub – « Fence Me In », « Garota » et « Rain Man » -, Erlend Øye nous fait nous sentir mieux et donne envie de le rejoindre sur son île. On déniche aussi sur Legao quelques jolies popsongs sentimentales, dont un tube potentiel – l’irrésistible « Bad Guy Now », classe comme une chanson de Prefab Sprout. Seule « Who Do You Report To », grande ballade aristocratique au piano, réveille la nostalgie « Nick Drakienne » des débuts (Oui, Nick Drake jouait aussi du piano). Et de finalement constater qu’en 2014, malgré un passeport très tamponné, cet éternel romantique continue de chanter doucement au creux de nos oreilles, comme sur « Singing Soflty to me », le titre d’une des premières chansons des Kings of Convenience.