Le trio montréalais nous répond autour de leur mirifique troisième album, The End of That.


Auteur de deux albums de rock Americana alambiqués, Plants & Animals célèbre sur son troisième opus le classicisme rock, tout en y mettant les formes. The End of That pourrait finalement faire écho à une autre célèbre trilogie, celle western du maestro Sergio Leone, autre obsédé d’Americana. Après tout, il s’agit toujours de la même histoire, celle de l’homme confronté à une époque qui se termine.

La francophonie a du bon, surtout lorsqu’il s’agit de poser quelques questions à un groupe outre-atlantique. Car, voyez-vous, nous ne sommes pas de corvée de traduction ! Aussi nous avons envoyé quelques questions par coursier Gmail au montréalais Nicolas Basque, chanteur, guitariste et francophone du trio Plants & Animals.

Pinkushion : Comment s’est déroulé l’enregistrement de ce troisième album ? On a l’impression, à l’écoute de The End of That, que les conditions d’enregistrement ont été moins compliquées que sur [La
La Land
->http://www.pinkushion.com/Plants-and-Animals-La-La-Land], qui était un disque très arrangé et éclectique.

Nic Basque : Nous avons pris beaucoup de temps à penser au type de disque que nous avions envie de faire et à en discuter. Nous avons travaillé les pièces sur une longue période de temps, peaufiné les arrangements. Nous voulions faire un disque authentique où ce que l’on entend est ce qui s’est passé en studio. Pour la première fois, Warren avait préparé les paroles avant l’enregistrement ce qui lui permettait de chanter les morceaux live en studio. On souhaitait faire un disque plus uniforme au niveau des sonorités tout en conservant une courbe dynamique. C’est probablement le disque le plus planifié que nous avons fait mais cette planification nous permettait plus de
spontanéité dan l’exécution des chansons.




Comme pour La La Land, vous avez enregistré une partie
de l’album à Montréal, et l’autre aux studios La Frette sur
Seine, non loin de Paris. Pourquoi avoir choisi de retourner en France
dans ce studio ? Quels sont les morceaux qui ont découlé de ces
sessions ?

En fait, l’album au complet a été enregistré à La Frette sur une
période de deux semaines. Par contre, nous avons composé et
travaillé les pièces au Treatment Room à Montréal, un studio où
nous avons la chance de répéter. Nous avons choisi de retourner à
La Frette parce que le lieu est magique, inspirant et accueillant.
Aussi, parce que c’est un studio exceptionnel avec de l’équipement
extraordinaire et unique. Nous voulions aussi retravailler avec Lionel
Darenne, ingénieur à La Frette. Une certaine
complicité s’est développée avec lui, et s’est intensifiée avec l’enregistrement de cet album. Le fait que le studio se trouve de l’autre côté de l’Atlantique permet aussi de s’évader de son quotidien et de
plonger entièrement dans la musique.



The End Of That semble un disque taillé pour la scène, avec des
guitares électriques plus défiantes et de belles envolées folk.
Vouliez-vous retrouver la ferveur scénique du trio après la la land
?

Nous voulions surtout construire des pièces simples en perspective
mais peut-être plus complexes qu’elles le semblent dans la
structure, les subtilités, les sons. Nous voulions un disque de
performance, où il était possible de palper les individus tout en
sentant une alchimie unissant le tout. J’aime écouter un disque et
comprendre qui fait quoi, un peu comme dans le jazz, reconnaître les
forces de chacun. Par contre, je pense qu’il serait intéressant
pour un prochain disque d’avoir une approche similaire mais d’y
ajouter d’autres instruments, peut-être sous forme de textures afin
de ne pas dénaturer les morceaux en concert. Pour la prochaine
tournée nous amènerons un bassiste avec nous. Nous avons tourné
depuis 3 ans à 2 guitares/batterie, il était temps d’y intégrer
le groove d’une basse, surtout qu’elle est présente sur tous nos
disques.



Plants & Animals, de G à D, Nic Basque, Matthew Woodley, Warren Spicer



Quel est la signification du titre de l’album, The End of That ?

Tenter de passer à autre chose, de cesser de reproduire les mêmes
erreurs, aller de l’avant. En québécois on pourrait presque dire  »
c’est ça qui est ça« …



The End of That libère un sentiment diffus très « classic rock
», un hommage aux grands disques qui touchent au mythe US des années 70 : Neil Young, Dylan, The Eagles, Born to Run, ect… La typographie même de la pochette m’évoque un peu Harvest (mais je peux me tromper). Est-ce le message que vous vouliez faire passer ?



Nous avons longtemps pensé utilisé la photo qui se trouve à
l’intérieur comme pochette, mais ça clashait avec le titre et nous
semblait trop « self-referential », un disque sur un groupe en
studio. Nous avons donc opté pour une simplicité afin de laisser la
musique parler d’elle-même, une simplicité invitante, une pochette
sous forme d’icône.



Quels sont les deux morceaux dont vous êtes le plus fièrs sur
l’album, et pourquoi ?

Je pense que « HC » est selon moi l’un des morceaux qui sonnent le
mieux, je pense que « HC » est Lionel (l’ingénieur) au sommet de son
art dans la prise de son minimaliste mais précise, j’adore la
simplicité de cette pièce, de son enregistrement, de l’arrangement
(guitare acoustique, guitare classique, batterie et voix). Pour moi, « HC »
c’est La Frette.

Je suis fier de « Runaways », une pièce à l’émotion brute, un pied
dans le passé et un pied dans le présent.



Beaucoup de compositions de Plants & Animals développent un
crescendo, avec des progressions très élaborées, écrites. Sur The
End of That, on sent quand même que vous voulez revenir à un peu
plus de simplicité, quelque chose de plus frontal.

Une certaine simplicité c’est vrai, mais les mouvements musicaux
épiques nous coulent dans les veines, on adore le faire et je crois
que tous nos disques auront une pièce d’au moins 6
minutes…peut-être un jour nous risquerons nous avec un disque
d’une seule pièce. J’aimerais intégrer aussi des pièces
instrumentales sur les prochains disques, à voir.



Comment fonctionne le processus de composition au sein du trio ? Qui est en charge de quoi ?

Warren (Spicer, guitares/ Voix) arrive souvent avec un genre de plan, de structure d’accords et idées de voix que nous retravaillons et arrangeons ensemble. Tout le monde y met sa touche, parfois la pièce se trouve complètement chamboulée, parfois c’est proche de l’idée de départ. Il m’arrive parfois aussi d’envoyer des idées à Warren qu’on
retravaille ensemble. Warren écrit les paroles.



Comment trouvez-vous la scène rock de Montréal actuellement ?
Est-elle aussi dynamique qu’il y a quelques années ?

Elle bouge, se transforme. Il y a plusieurs artistes plus
électroniques comme ceux du label Arbutus qui retrouve une
reconnaissance locale et internationale. Il y a tellement de groupes
et de concerts dans cette ville, pleins de groupes qui ne tournent pas
mais qui sont extraordinaires (Tiny Dictators, Orilla Opry, Mike
O’Brien, Oh Bless Your Heart, T’assels, Joe Grass
). Je crois que
l’une des clés de la diversité musciale de Montréal vient des
salles de concerts et des promoteurs qui s’y rattachent et qui
travaillent d’arrache-pied pour avoir une scène vibrante.

Question rituelle finale. Quels sont vos cinq albums favoris ?



Dr John Gris-Gris

Television Marquee Moon

The Velvet Underground and Nico – S/T

Bob DylanBlonde on Blonde

Bonnie Prince BillyThe Letting Go



Merci beaucoup pour ce magnifique album.

Merci à vous



Plants & Animals, The End of That (Secret City Records)




Plants and Animals – « Lightshow »