Dans la lignée de Thee Oh Sees, un bel essai de Garage-Rock plein d’ardeur pour ces jeunes français très prometteurs.


Jeune groupe formé en 2011 originaire de Seine et Marne, les Dusty Mush viennent s’ajouter à nombres de combos s’étant essayés ces dernières années à ce Garage-rock-Psychédélique sévissant depuis quelques années en Californie. Et si n’importe quel quidam peut (par définition, tant le matériel nécessaire est rudimentaire) s’essayer à faire du « Lo-fi » ou du « garage », les productions qui nous arrivent sont (sans jeu de mots) le plus souvent moyennes, car il ne suffit pas d’avoir une distorsion dégueulasse et le bouton reverb poussé à bloc pour faire du Ty Segall. Difficile dans ces conditions de masquer son manque de talent brut, d’inspiration ou d’enthousiasme sous une pléiade d’effets et autres arrangements en post production : c’est contraire au genre, et c’est cela qui en fait tout le sel et le piment !

Avec une « split cassette » sorti en début d’année en compagnie des Sud-Africains de Future Primitive au style assez similaire – et un sens du swing assez bluffant – les Dusty Mush avaient fait un premier pas dans l’arène, le présent EP les proclamant automatiquement prétendants à la relève Garage Rock Française, underground certes, mais s’entendant à faire sauter la dite arène dans tous les sens, jusqu’à que pinte pleine se vide, cela va de soi. Et s’il faut accorder un manque d’originalité évident tant les compositions auraient toutes pu figurer sur les Singles Collection volume 1, 2 ou 3 de Thee Oh Sees du fait d’un mimétisme flagrant, jusqu’aux multiples variations des coïts réverbérés du « Maire de San-Francisco » – John Dwyer – cela n’enlève que peu au talent brutal dont ces jeunes gens font ici preuve. Et puis quoi ? N’avons-nous pas ronronné de plaisir devant le premier Birth Of Joy, pompant avec zèle et sans complexe le meilleur des Doors ? Y’a-t-il un âge pour qu’un groupe devienne culte, et donc « copiable » ?

Avec 9 titres dont la plupart ne dépassent pas les deux minutes, les Dusty Mush alternent compositions hargneuses (« Reversed Eyes » ou « My Weird Moustache », palme d’or du titre de chanson le plus déluré) et tempos plus lents (« There Was More Future », voire le single addictif « Space Cat ») et s’aventurent même dans le pure psyché (« Human Dog »), avec beaucoup de réussite. Mention spéciale à la spontanée « Brad Cruise », avec sa guitare nerveuse qui fait mouche, et dont la vidéo entièrement-faite-maison vire carrément à l’hommage au « Meat Step Lively » de Thee Oh Sees. S’ils ont de l’or dans les mains, il s’agit peut être désormais pour les Dusty Mush de trouver leur voie. Avec un tel potentiel, ils ne peuvent pas se contenter d’être les meilleurs… pour imiter les meilleurs. On attend la suite avec impatience.