Au mitan de la cinquantaine, le légendaire leader d’Hüsker Dü et de Sugar peut se targuer d’une longévité qui tient lieu d’exception dans le milieu du rock alternatif.



Au mitan de la cinquantaine, le légendaire leader d’Hüsker Dü et de Sugar peut se targuer d’une longévité qui tient lieu d’exception dans le milieu du rock alternatif. Après une longue et solitaire traversée du désert dans les années 2000, le parrain de la scène hardcore US a prodigieusement relancé sa carrière avec deux albums solo de très bonne facture, Silver Age (2012) et Beauty & Ruin (2014) (lire notre entretien). L’adage « Jamais deux sans trois », ne se vérifie pourtant pas exactement ici : Patch the Sky s’avère en dessous de ses prédécesseurs, sans totalement décevoir non plus – le vieux briscard atteint encore quelques pics, moins régulièrement cette fois. Passons les détails donnés par son géniteur, survendus comme étant son “album le plus noir, mais aussi le plus catchy”, ces douze nouvelles compositions contiennent les ingrédients identiques à ses deux derniers disques parus sur le label Merge Records : un rock brut et mélodieux façonné par la guitare tronçonneuse et la voix si familière de l’ex Hüsker Dü, le tout cimentés par la section rythmique époustouflante tenue par Jon Wurster (batterie) et Jason Narducy (basse). Une pointe d’effet vocoder et les bidouillages electro posés sur la première minute de « Voices in My Head » laissent craindre une entrée en matière foireuse telle qu’on en avait plus entendu depuis le mal aimé Modulate (2002), avant finalement de virer folk saturé. Mais le morceau décolle moyennement, et cette impression s’étire ipso facto sur le reste du disque. A vrai dire, cinq titres sortent nettement du lot : “The End of Things”, « Hold on », “Pray for Rain” et “Losing Time”, enfin le bien nommé “Monument”, certainement le plus élaboré sur le plan sonique, et qui n’aurait pas dépareillé sur le Beaster EP de Sugar. Cette poignée de missives dominent cruellement le reste de Patch The Sky, un peu en pilote automatique. Un disque en demi-teinte, donc.