Avi Buffalo réussit le test de la seconde oeuvre réputée « casse-gueule ». Un recueil de belles chansons qui voient leur auteur sortir de sa chambre d’ado pour embrasser l’âge adulte.


Quatre ans après un premier album, revoilà Avigdor Zahner-Isenberg. Le songwriter Californien tente ces jours-ci de transformer un premier essai convaincant qui, on se souvient, avait laissé chez ses auditeurs un goût de reviens-y. Que dire alors à propos de At Best Cuckold, second album que l’on serait d’emblée tenté de qualifier d’album de la « maturité » ? Avi Zahner-Isenberg, âgé de 19 ans lors de la sortie de son premier opus, est de fait aujourd’hui arrivé à l’âge adulte. Sa musique a-t-elle cependant suivi la même logique ?

À bien des égards, c’est en effet le cas. Cela étant dit, même si cette dernière a été chargée d’afficher un air plus sérieux, elle n’en a pas pour autant perdu toute sa fraîcheur d’antan. Sur At Best Cuckold, la pop candide et juvénile des débuts a ainsi laissé place à une écriture plus aboutie, inquiète et réfléchie, renforcée par une flopée d’ajouts instrumentales qui rendent peut-être moins immédiate l’écoute entière du disque. Mais bien vite ces arrangements de cuivres, pianos et autres couches de réverbération qui enveloppent comme une étoffe douce les titres de ce disque, nous font réaliser que ceci était peut-être précisément le petit truc qui faisait défaut au précédent effort pour lui permettre de boxer dans une catégorie supérieure. Celle par exemple de Death Cab For Cutie, The Shins, voire nos chouchous de Phantom Buffalo.

En résumé, ce que la pop d’Avi Buffalo perd en spontanéité, elle le comble aujourd’hui grâce à des arrangements classieux qui donnent une patine à chacun des titres pour leur permettre de mieux traverser le temps. Autre changement notable et pas des moindres, Avigdor Zahner-Isenberg parait ici avoir une voix bien moins nasillarde et a abandonné ses couinements à la Dean Wareham (qui ne sont aucunement des défauts chez l’ami Wareham), au profit d’un chant plus confiant et aérien, bien que toujours haut perché.

Ce qui lui permet rapidement de dessiner de belles atmosphères sur des titres comme « Overwhelmed With Pride » ou encore ce « Won’t Be Around No More » qui clôt l’album. Mis à part peut-être pour l’évident « So What », aucun titre ne se détache franchement de cet l’album plutôt homogène qui ne rompt pas totalement avec le premier effort d’Avi Buffalo, mais permet à son auteur de mettre d’avantage en avant ses facultés de songwriting qui sont loin d’être anecdotiques.