Quelle voix se donne chez le trio français à travers ses instruments qui ne cessent d’être repoussés dans leurs retranchements ?


On peut certes être décontenancé quant à l’absence de voix dans Voix d’Aluk Todolo. L’oreille avertie cherche là une intention subtile de déplacer l’attention sur une compréhension plus élargie de la notion : quelle voix se donne chez le trio français à travers ses instruments qui ne cessent d’être repoussés dans leurs retranchements ? Les frappes régulières de la batterie tout au long de l’album, la guitare électrique distordue, rageuse, comme réalisant un solo incessant, une basse qui répète ses notes donnant la profondeur et la gravité à l’ensemble…Tout est fait pour ériger les limites en contenu principal de la matière sonore ; il ne s’agit pas de tordre cette dernière pour finalement glisser dans l’expérimentation, mais garder une structure cohérente jusqu’à ce que l’orchestration s’étire et se réduise à un seul état méditatif. Comme à leur habitude, les genres (krautrock, psychédélique, black metal…) ne sont lisibles dans les compositions du trio qu’à partir de cette fonction unitaire. La voix dans tout cela, est peut-être celle qu’entend l’auditeur, qui se manifeste dans la durée, dans une musique rendue anonyme (pas de titre de chansons) qui ne renvoie donc qu’à elle-même. Un seul mouvement musical saisissant pour couvrir les suggestions et ouvrir au recueillement.