Le A de la pochette est bien le a d’Artiste avec un grand A… Un album ambitieux avec un grand A qui ravira les amateurs du genre… Avec un grand A!


Drôle d’hurluberlu que ce Cass McCombs… qui se permet de singer remarquablement le Velvet Underground sur « Bobby, king of Boys Town ». S’inspirant visiblement ouvertement de la bande à Lou Reed, l’Américain réussit avec cet album une oeuvre aussi touchante qu’innovante et risquée. Oui, risquée, mais ça c’est plutôt la maison de disques, 4AD (celle des Pixies, Breeders et autres Dead Can Dance), qu’on le doit. Car on a beau critiquer les labels, et faire mine de ne pas entendre quand ils nous expliquent qu’un artiste qui réussit permet à 9 autres d’enregistrer et de sortir un disque, l’exactitude de la chose n’en est pas moins réelle. Il y a, c’est vrai, certains labels qui prennent plus de risques que d’autres, mais ça c’est une autre histoire…

Cass McCombs est un américain qui signe ici son premier album, A. Les 11 titres que compte la galette surfent tous sur la vague expérimentale minimaliste, et ressemblent à un Brian Jonestoxn Massacre dans l’approche comme dans le résultat : on dirait que Cass fait ‘son’ disque, peu importe le succès, la renommée, l’accueil, seuls comptent la force du labeur de l’artiste, le fait qu’il se livre, et qu’il se serve de certaines chansons (« Aids in Africa » et son Aleluia) comme autant de pamphlets qui tentent de dénoncer un état de fait qui choque l’artiste lambda, le vrai de vrai, celui qui rêve d’un monde paisible où régneraient le bonheur et la plénitude. Mais qui, si c’était le cas, serait tout de même poussé à critiquer -alors- ce nouvel état de fait, car, comme tout le monde le sait, l’artiste est un éternel insatisfait.

Voilà, tout ça pour dire que le bonhomme a l’air d’être bien autiste dans sa bulle, mais cela ne lui ôte aucun mérite dans cet album de très bonne tenue, qui a, du coup, tous les ingrédients pour devenir un disque culte. C’est juste que le son, la production, le résultat, tout concourt à l’idée que c’est la personnalité torturée du songwriter musicien qui a prévalu sur un travail collectif d’envergure.

Du coup, l’album est bon mais il aurait pu être très bon, excellent même. Certains titres semblent bâclés, c’est dommage. Ecoutez « When the bible was wrote », où Cass chante faux comme une casserole, alors qu’il sait chanter… Mais il doit être persuadé que c’est une façon d’injecter un peu d’art abstrait (de vérité, de « subjectivable dans l’objectif ») dans le rock, et que l’on ne sert peut-être pas assez souvent ce genre de ‘truc’ qui apporte peut-être de l’eau au moulin de ceux qui aiment parler de l’art et tout le bla bla, mais qui n’est peut-être pas toujours agréable à l’écoute. La pochette, ainsi que le site vont dans ce sens d’ailleurs. Le grand A qui y est dessiné augure certainement l’art avec un grand a, celui qui est si subjectif et dont les concepts sont matière à discussions enflammées et passionnées.

Vous l’aurez compris, Cass McCombs nous livre ici une oeuvre, « son » chef d’oeuvre. La mélodie de « Gee, it’s good to be back home », un piano qui joue en boucle, avec une guitare qui batifole à l’arrière, et Cass qui hulule sa joie sont bien à l’image de tout l’album. Mais il s’est arrêté là ! Dommage. Bon album donc, mais qui aurait pu être excellent.

Le site de Cass McCombs